
Il prend ensuite son téléphone et l'allume afin de voir s'il avait reçu un message de celle qu'il attendait.
11h32, 7 appels manqués, 4 messages.
5 appels de son frère, un de Georg, le dernier de Gustav.
Et tous les messages étaient de Bill.

Il reste plusieurs secondes assis à ne rien faire. Sa gorge nouée le fait tellement mal mais il se refuse de pleurer. Il en est hors de question. Il n'en a pas le droit. Toujours assis, il remarque une feuille pliée en quatre sur l'étagère du meuble. Il tend le bras afin de le saisir et reprend sa position.

Sa respiration s'accélère et sa main peine à tenir la feuille sous ses tremblements.
C'est pour ça qu'il était allé la chercher la nuit de l'accident.
Son c½ur ne tient plus, ses yeux voient flou et il laisse finalement
ses larmes couler le long de ses joues. Quand-est ce qu'elle avait
écrit ça, et pourquoi il ne la trouve que maintenant ?
Je t'aime très fort mon amour. Ta Hazel.''
- Je t'aime aussi Hazel... , dit Tom dans un murmure.
Il se hâte à sortir de sa chambre et prend cette lettre douloureuse avec lui.
- Bill ?, crie t'il tandis que ses yeux cherchent à voir sa moitié.
- Bill ? T'es où ?
Il sort de la chambre et descend dans le grand salon.
- Bill !
- Tom, qu'est-ce qu'il y a ?, demande le blond le regard inquiet.
- Tom...
Son c½ur s'accélère et une fois la lecture de la lettre terminée, il la replie et la rend à Tom, qui le regarde en attendant un mot de Bill. Ce dernier avait comme une boule dans sa gorge qui prenait toute la place et qui l'empêchait de respirer. Il ne voulait pas s'affaiblir devant son frère en pleurant.
- Où est-ce que tu as trouvé ça ?
- Dans ses affaires en les rangeant.
Bill hoche la tête et se retrouve hébété devant celui qui cherchait du réconfort. Puis d'abord, comment est-ce qu'on réconforte une personne si on ne sait pas comment se réconforter soi-même ? Cette lettre a brisé le c½ur de Bill comme quand on reçoit un coup de poignard dans le dos, un coup que l'on attendait pas et que l'on ne veut pas recevoir. Mais le fait est que Tom s'est ramené devant son frère avec cette arme dévastatrice de c½ur et Bill n'avait pas d'autre choix que d'accepter cette frappe inattendue.
Il regarde son frère en s'apprêtant à lui parler mais le brun réagit plus vite que son cadet.
- Je sais. Il n'y a rien à dire. Mais je ne pouvais pas garder ça pour moi.
Tom se frotte le visage et regarde son frère de nouveau.
- Comment veux-tu que je m'en sorte après ça Bill ? Hein ? Je m'en veux tellement de l'avoir tuée...
- Arrêtes de dire ça Tom ! C'était un accident !
- Ah ouais, et qui c'est qui conduisait ? Qui c'est qui roulait comme un con alors qu'il était énervé ? Je l'ai tuée Bill, arrêtes de dire le contraire. Tout est de ma faute.
Une larme glisse le long de sa joue tandis que le blanc de ses yeux rougit suite à sa mélancolie et cette haine qu'il a envers lui-même. Bill inspire profondément avant de tenir Tom par les bras.
- Mais elle ne t'en veut pas. Personne ne t'en veut. Tu es le seul à t'en vouloir. Quand est-ce que tu vas comprendre ça ?
- Bill... encore une fois c'est toi qui ne me comprend pas. Puis t'es trop naïf, vraiment. Lâche-moi, crie Tom en retirant les mains de Bill posées sur ses bras.
- Tom calme-toi !
- Laisse-moi, merde !
Il monte précipitamment à l'étage et entre dans la salle de bain avant de commencer à se déshabiller. Une fois sous la douche, il laisse cette eau brûlante couler sur lui. Cette sensation est atroce à tel point que ses muscles se contractent sous la douleur. Son bandage à la main ne tient plus et tombe au sol, laissant apparaître sa peau abîmée, nue et fragile. Sa blessure le brûle sous les puissants et fins jets d'eau. Il mérite cette douleur, il mérite cette souffrance et pire encore. Il ne fait rien, si ce n'est que de fermer les yeux en grimaçant et frissonnant à cause de la sensation désagréable que cette eau lui procure. Son visage est étouffé par un nuage de fumée qui a rapidement prit place autour de lui. Ses cheveux mi-longs s'emmêlent sous ce rideau de pluie provenant d'au-dessus de sa tête. Sur son corps se forment de moyennes plaques rouges un peu partout et c'est à ce moment-là qu'il décide d'arrêter ce calvaire.
Il venait de brûler son corps tout entier sous la colère. Il voulait se brûler tout comme son corps s'enflamme de l'intérieur, se briser tout comme son c½ur est en miettes, partir loin tout comme son âme a disparue.
D'une serviette nouée autour de sa taille, il sort de la douche en frottant doucement ses bras encore bien trop chauds. Il prend ses cheveux et les presse d'une main afin d'en libérer toutes les gouttes qui s'y accrochaient. Une fois dans sa chambre, il se change et saisit son téléphone. Toujours rien. Il jette son téléphone sur le lit et s'y allonge par la suite. La seule chose qui pouvait l'aider à disparaître un petit moment était de fermer les yeux pendant quelques heures.
Même-jour, début de soirée.
- Ouuuuuh, se lève Gustav en posant ses mains sur la tête. Presque !
- T'as vu, dommage il aurait été trop beau le but, ajoute Georg après avoir bu une gorgée de sa canette.
- Grave, passement de jambes, tac tac tac, passe profonde, tir puissant, et poteau !, dit Gustav avant de se rasseoir.
- Faut qu'on gagne si on veut rester en tête du classement.
Les garçons sont réunis autour d'une pizza et de canettes de bière. Tous aimaient regarder des matchs de foot et s'ambiancer à la maison, sauf Bill, qui restait tout de même avec eux. Ils suivent le championnat allemand qui arrive en milieu de saison.
Gustav saisit une part de pizza avant de croquer dedans. Il regarde Tom et lui parle tout en mâchant cette pâte remplie de fromage fondu.
- Tom prends-en ! Si tu n'en manges pas on va la finir.
Ce dernier hausse des épaules en recrachant la fumée de sa cigarette par la bouche.
- Pas faim, répond le brun.
Il écrase sa cigarette sur le cendrier et saisit une canette en la buvant d'une traite.
- Doucement, dit Bill qui était assis sur le fauteuil, son téléphone entre les mains.
- Commence pas, répond Tom.
- C'est toi, commence pas ! Vas-y doucement c'est tout ce que j'ai dit.
- Ouais ouais ok.
Bill souffle en hochant négativement la tête, un sourcil relevé. Tom ne dit rien et prend finalement une part de pizza avant de la manger sous le regard discret de son frère, qui est quelque peu rassuré.
Une fois le match terminé, Tom se lève.
- Super match.
- Tu n'étais même pas à fond dedans, dit Gustav.
- Si.
- T'es sûr que tout va bien ?, demande Georg.
- Oui oui. Vous avez besoin de moi ? Faut que j'aille quelque part.
- Non... Non vas-y, répond son meilleur ami.
Tom hoche la tête et se dirige vers la porte quand une main lui retient le bras.
- Tom. Je sais que tu n'es pas bien en ce moment, ce qui est normal. Mais aujourd'hui je ne sais pas... t'as l'air complètement absent. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. Enfin demande à Bill. J'ai pas envie de recommencer.
- D'accord. Mais tu sais très bien que je suis là pour toi. Moi comme eux, d'accord ?
- Oui papa, répond Tom en esquissant d'un très léger sourire.
Georg vient le serrer amicalement dans les bras avant de le laisser sortir.
C'est un des quartiers les plus dangereux du coin, et il le sait très bien. Il a longuement réfléchi avant de sortir de sa voiture et c'est d'un pas hésitant qu'il s'avance dans la rue. Ce quartier n'est pas si pauvre que ça, mais de nombreuses personnes ont pour toit ce ciel sombre et étoilé. Des hommes au pantalon bien plus bas que leur derrière marchaient devant lui et il décide de les interpeller.
- Hey !
- Hey man, dit l'un des deux en se retournant avant de lui faire un "check" de la main. Tu cherches quelque chose ?
- Ouais je...
- Hey, moi c'est Terrence, le coupe l'autre.
- Tom.
- Mon petit Tommy, dit l'homme en passant un bras autour du brun, je t'ai jamais vu.
- C'est la première fois que je viens par là. J'aurai besoin d'un petit..., dit Tom, ne finissant pas sa phrase.
- Hmm je vois... Suis-moi.
- Entre.
Tom s'approche de l'homme, qui se décale afin de le laisser entrer dans la chambre. La porte se referme et l'homme vient s'asseoir sur le seul fauteuil présent.
- Salut Tom.
- Salut.
Le brun regrette amèrement d'être venu et d'avoir suivi ces hommes dans la rue. Que faisait-il ici ? La seule envie qu'il a est de partir parce qu'il sait qu'il va commettre une grande erreur s'il reste à cet endroit.
- J'ai l'air méchant et hautain mais c'est juste une image que je me donne. Qu'est ce qui t'amène ici ?
- Un truc bon à petit prix.
- Femme ?
Tom hoche négativement la tête en fronçant les sourcils.
- Drogue ?
Il reproduit le même geste, et l'homme le regarde d'un air incompréhensif.
- Pourquoi t'es là alors ?
- Bin tu sais... enfin..., Tom ne dit rien mais frotte son nez à l'aide de son pouce. Mais j'ai changé d'avis, je vais partir, désolé.
- Un joint alors ?
- De qualité ?
- On a que de la qualité ici.
- Combien ?
Les deux se mettent à parler de sommes, de doses et de différentes substances illicites que l'homme possède. Après plusieurs propositions, Tom désapprouve et l'envie de consommer quitte ses pensées. Cependant, l'homme au teint pâle le regarde sans parler pendant quelques secondes, avant de reprendre.
- Tu sais quoi ? j'ai mieux pour toi.
Tom inspire profondément sans quitter l'homme des yeux. Son c½ur bat toujours aussi fort mais sa tête avait besoin d'être vidée. Il cède en lui demandant alors qu'est-ce qu'il a à lui proposer.
- Viens, assieds-toi, dit l'homme en lui montrant le lit.
Tom s'exécute pendant que l'homme s'absente. Une fois revenu, un sourire apparaît sur ses lèvres, une seringue s'agitant entre ses mains.
- Tu sais ce que c'est ça ?
- Oh nan... Enfin oui mais... Nan je n'en ai pas besoin, je vais y aller, dit Tom en se levant.
- Doucement mec..., dit l'homme en le forçant à s'asseoir. Ça va te faire du bien, crois-moi.
- Je n'ai jamais essayé et j'en ai pas envie.
- Arrêtes, t'es venu ici pour te vider la tête j'en suis sûr. C'est le meilleur remède.
Tom souffle un bon coup en sentant son c½ur battre fortement dans sa poitrine. C'est vrai qu'il n'a jamais essayé. Mais peut-être que c'était ce qu'il lui fallait ? Si le fait d'avoir tué Hazel pouvait disparaître de ses pensées le temps que cela fasse effet, alors pourquoi pas. Il cède alors pendant que l'homme lui attache le bras.
- Ça va te picoter au début, mais après tu vas être bien. Je t'assure.
Tout est déjà prêt. Tom à juste à se laisser aller. Il ferme les yeux, et c'est parti... Sa première piqûre de bonheur crée cette blessure, qui reste pour toujours un moment magique, et qui empire à chaque fois. Ombre et lumière lui cachent la vue. Il est transporté dans un monde où seul lui en connaît l'existence, là où tout se passe comme il le souhaite. Hazel n'existe plus. Elle ne reviendra plus. Pas dans ce monde-là.
Quelques minutes plus tard, en ouvrant les yeux, sa tête tourne quelque peu. Il se frotte le visage et pose une main sur son bras droit qui le picote douloureusement.
- Alors ? demande l'homme, ce sourire stupide toujours plaqué sur son visage.
Tom ne dit rien mais lui lève son pouce afin de lui faire comprendre son ressenti. Il fouille ensuite dans ses poches et ressort quelques billets afin de lui donner l'argent nécessaire. Une fois chose faite, il cogite et regrette déjà d'avoir mis les pieds à cet endroit. Malgré le bonheur que ça lui a procuré et cette noirceur dans laquelle il venait de se plonger, il s'en voulait intérieurement. Beaucoup trop même. Mais il était trop tard.
- Si j'étais amené à revenir je demande qui ?
- Tu peux m'appeler Scott.
Tom hoche de la tête et c'est sans se retourner qu'il sort de la pièce. Il demande à Terrence de l'accompagner jusqu'à sa voiture car il ne connaissait pas le quartier. Il le salue ensuite avant de définitivement s'en aller.
Vingt minutes plus tard.
Tom arrive chez lui sans adresser un mot aux garçons, qui n'avaient pas bougé du salon. Il enfile son jogging et un tee-shirt avant de s'allonger sur le ventre. Les regrets s'amplifient et il ne sait plus comment agir. D'abord la mort d'Hazel, puis cette soirée...
Qu'est-ce qu'il venait donc de faire ?

PS: Les paroles en italique quand Tom se drogue, c'est bien «Stich Ins Glück» de Tokio Hotel, parce que j'en avait envie hehe.

Tokio-13-Hotel-13, Posté le samedi 05 août 2017 11:18
La piqûre de bonheur va se transformer en piqûre de cauchemar , malheureusement il est en train de prendre le même chemin que sa défunte petite amie. Il, est en train de gâcher sa vie